jeudi 16 décembre 2010

A propos des projets de LGV.

Après les vifs échanges en conseil de communauté entre PS et EELV sur les projets de LGV Tours/Bordeaux et Bordeaux/Toulouse, voici quelques arguments...



Les écologistes soutiennent depuis longtemps le train plutôt que l'avion et la route.


Mais un projet de cette ampleur et de ce coût doit s'inscrire dans la vision globale d'une ligne ralliant Montpellier et Barcelone, et d'une relance du fret ferroviaire - en particulier grâce à la voie ferrée libérée - . Sans assurances sur ces points, le partage de la ligne existante entre TGV et TER devient l'option la plus réaliste.

Avec les travaux prévus sur le tronçon Tours Bordeaux, Toulouse serait déjà à 4h de Paris. Sans doutes de quoi convaincre de nombreux usagers de l'avion lorsque le baril de pétrole dépassera les 200 $.


Sur le plan financier, ce sont plusieurs centaines de millions d'€ que les collectivités locales devront mettre au pot du projet de LGV Bordeaux Toulouse. Autant d'argent à ne plus consacrer à nos transports en communs locaux, à nos réseaux cyclables… Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Vaut-il mieux gagner 45 minutes pour rallier Paris ou avoir plusieurs nouvelles lignes de tram dans l'agglomération ? Que valent les quelques milliers de bourgeois qui voyagent quotidiennement entre Toulouse et Paris, par rapport aux (quelques) CENTAINES de milliers d'usagers actuels et potentiels des transports collectifs et aménagements cyclables de l'agglomération toulousaine ? A lire le préambule du point d'étape du Plan de Déplacements Urbain traitant des transports collectifs, ces privilégiés seraient donc en partie responsables de ce PDU moins ambitieux ?


Est-il normal que depuis les années 2000, l'Etat se désengage à ce point de projets d'infrastructures nationaux et européens ? Pourquoi nos collectivités devraient-elles payer pour nous rapprocher de Paris ? Peut-être serait-il plus pertinent de nous rapprocher d'abord de Barcelone... Est-il normal qu'avec les Partenariats Public Privé, l'argent public finance d'énormes rentes pour des groupes privés ? Est-il normal qu'un état organise la concurrence entre les collectivités territoriales pour le développement des infrastructures nationales ?


Aujourd'hui, le premier argument commercial pour un avion de ligne est sa consommation, donc son coût de fonctionnement. Il serait peut-être utile de considérer le train sous cet angle. Les techniciens nous disent qu'au delà de 250 km/h, l'efficacité économique du train baisse, et même que 220 km/h suffisent.

A la voix des techniciens, ajoutons celle des usagers réguliers de la SNCF. Que demandent-ils ? "Plus vite, plus vite !" ou "Donnez-nous notre train quotidien !", si possible fiable, régulier et confortable... Le réseau ferré est plus que vieillissant. Il faut s'atteler en urgence à sa modernisation. Le train n'a pas vocation à ne desservir que les métropoles et prendre le reste des habitants de ce pays pour des vaches... à lait.


J'en oublierais presque les questions écologiques... Quel serait son impact environnemental réel en construction et en fonctionnement ? En aménagement du territoire. En émissions de Gaz à Effet de Serre. En biodiversité... Après tout, même si l'on ne s'en rend pas compte à 250 km/h, ce ne sont pas que les contribuables non desservis qui regardent passer le TGV.


Enjeu écologique, enjeu financier, enjeu de société : dans quel monde voulons-nous vivre ? Nous avons tous rêvé d'un monde futuriste où l'on voyageait à grande vitesse. C'était le temps du Concorde, des routes sans limitation de vitesse, des hydroglisseurs, des trains sur coussin d'air et aussi... des débuts du TGV ! Mais déjà, le pétrole, à défaut de manquer, nous faisait quelques "chocs" et nous nous mettions à vouloir "avoir des idées", faute de pétrole, à dire "La vitesse, c'est dépassé".

Pensons d'abord à moderniser les trains existants pour y rendre les voyages plus propices au travail, plus agréables et plus reposants. Après tout, quoi de plus rapide dans un emploi de temps qu'un trajet en train de nuit (à condition d'arriver à y dormir...) ?


Essayons d'anticiper notre futur le plus probable, plutôt que de rester figés dans un futur rêvé, mais dépassé.

1 commentaire:

Christian Chevallier a dit…

La question des transports devrait être pensée dans le contexte plus large de l'épuisement des réserves énergétiques fossiles, et uranifères et dans le cadre de nos dettes aux générations futures.

L'utopie d'un développement sans fin de la mobilité lointaine en masse est dans cette perspective une impasse.

Les bienfaits de la mobilité ne pourront être maintenus de manière durable et accessible à tous, qu'en restreignant les sphères de mobilité des marchandises et même des personnes et cela non pas de manière contraignante mais parce que nous pourrons nous en passer et qu'il vaudra mieux trouver à proximité que loin le service recherché !

Mais cela exige des choix politiques et des investissements qui avantagent la relocalisation économique.

Le véritable coût socio économique et environnemental d'un moyen de transport lointain devrait il être pris en charge par la collectivité ou par l'usager ?

Aujourd'hui est-il opportun d'investir des milliards € pour favoriser une mobilité lointaine que les générations futures n'auront pas les moyens d'assumer ?
Nous avons le choix entre développer un réseau ferré économique et cohérent à vitesse maximale de 220 km/h permettant de faire circuler de manière homogène des trains de marchandises, des TER et des trains grandes lignes, ou bien de restreindre la capacité des lignes existantes en cherchant à y faire circuler des trains grande vitesse., ou bien réaliser de nouvelles lignes dédiées en parallèle des lignes existantes, ce qui s'avère ruineux et un gâchis environnemental supplémentaire dont on pourrait se passer !