mardi 29 novembre 2011

Les tendances ne sont plus tendance.

La désignation de nos candidat(e)s aux élections législatives se fera :
- par 2 votes consultatifs (l'un sur des personnes, l'autre sur des listes reflétant nos tendances ou courants)
- suivis par un ajustement orchestrée par notre instance législative régionale, le CPR, pour établir la parité hommes/femmes,
- et enfin arrêtée au niveau national par notre Conseil Fédéral, sur la base de scénarios censés prendre en compte les 2 votes consultatifs.

Je suis personnellement choqué que les courants soient pris en compte dans ce scrutin, même de manière consultative.
Il aurait été plus simple et plus démocratique de supprimer ce scrutin de listes constituées à la va-vite. Nos CPR et notre Conseil Fédéral n'auraient eu qu'à valider le choix des militants. Les ajustements n'auraient été alors possibles que pour faire respecter la parité hommes/femmes.

Si comme moi, vous êtes contre le fonctionnement d'EELV en tendances, je vous invite à ne vous prononcer pour aucune des listes qui vous sont proposées à l'occasion de la consultation pour les législatives.

Les sensibilités nationales ont perduré tout au long de l’existence des Verts et sont l'une des causes de du faible développement du parti. Bien sûr, chacun est libre de passer du temps avec qui il veut... Et je trouve normal et souhaitable que chacun se détermine sur des motions d'orientation politique lors de nos AG nationales tous les 3 ans.
Mais c'est la prise en compte de ces tendances dans notre fonctionnement démocratique "quotidien" que je combats. Je trouve contreproductif de structurer notre fonctionnement pendant 3 ans sur la base des résultats du 1er tour de ces AG. D'autant que le 2ème tour à donné un score de plus de 90% à la motion de synthèse...

Les clivages passés (plus ou moins à gauche, plus ou moins environnementaliste, pour simplifier) ne sont plus clairs aujourd'hui. Il me semble qu'il y a consensus entre nous sur l'imbrication des thématiques environnementalistes et sociales. La composante Altermondialiste de la gauche n'est pas non plus distincte de ce que portent les écologistes, c'est à dire le retour d'une vraie régulation des états et aussi à une démocratie libérée des pouvoirs de l'argent.
Dans tout ça, je ne vois pas matière à créer du clivage entre nous, sinon pour des stratégies de pouvoir.
Les parcours sinueux de nos figures, ou encore les revirements d'alliances entre les courants eux-mêmes, démontrent l'inconsistance politique de ces tendances à 10 000 lieux de la "politique autrement".

Certains pensent que la moins mauvaise des solution est d'intégrer ces courants dans notre fonctionnement démocratique... La moins mauvaise des solutions serait donc de mener des pseudo-débats politiques et d'ordonnancer des listes de noms en petits comités, listes appuyées sur ces pseudo-débats… Tout ça pour masquer les oppositions de personnes ? Nous voyons le résultat et la réputation que les Verts se sont forgée en la matière : "2 Verts = 2 tendances…"

L'expression "scrutin uninominal" semble être un gros mot pour certains. Mais il ne s'agit ni plus ni moins que de désigner des personnes. C'est à mon sens autrement plus transparent. A propos du respect des minorités, pour qu'il y ait minorité, il faut un vrai clivage idéologique. Comme déjà dit, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

La différence d'appréciation sur l'accord EELV-PS est un clivage stratégique, pour lequel bon nombres de militants se réservent la possibilité de changer d'avis en fonction des assurances que nous aurons de pouvoir agir au sein d'une coalition, du respect de ses engagements par le PS...
Selon Cécile Duflot elle-même « Ce n’est pas un accord gouvernemental mais un pacte de coalition majoritaire parlementaire ». Il n'est donc pas opportun de créer des clivage à l'occasion de ce scrutin de liste national, puisque les militants n'ont pas encore tous les éléments pour se prononcer.
Est-ce à dire que tous ces militants changeraient de tendance en changeant d'avis sur le niveau de confiance à accorder au PS, puis à nouveau sur un autre sujet ?

Le problème essentiel, c'est que nous voulons calquer notre fonctionnement interne sur ce que nous voulons pour notre pays. Introduire une dose de proportionnelle en France serait assurément un progrès pour la démocratie, avec aussi l'inconvénient de légitimer encore le FN (mais c'est un autre débat). Mais les opinions sont bien plus diverses en France qu'au sein d'EELV, et heureusement... Il est temps pour nous d'assumer de choisir des personnes autrement que dans le cadre d'un scrutin consultatif retravaillé ensuite au niveau national. Ce serait un signe de maturité collective, d'avancée démocratique et de confiance donnée aux militants.

L'urgence écologique et sociale est là et il n'est plus acceptable de continuer à perdre notre énergie en jeux d'écurie et de pouvoir.
Les courants existeront encore la semaine prochaine. Mais à chacun de choisir l'importance qu'on veut leur donner. Voter, c'est à l'évidence leur donner de l'importance.
Le plus simple serait donc de ne pas participer à ce vote, à mon avis très éloigné d'un bon fonctionnement démocratique.

lundi 28 novembre 2011

Il est temps...

La crise financière n'a jusqu'à présent accouché que d'une gigantesque farce médiatique. Partition bien écrite entre les méchantes agences de notation qui notent, dégradent et le gentil chef d'état contraint de démanteler les services publics pour garder notre triple A, sauver l'Euro, les banques, faisant la morale à ses amis financiers et continuant à discrètement les enrichir.
Cette vaste supercherie vise bien sûr la conservation du pouvoir, mais le fait que l'ensemble de la classe politique (à part quelques exceptions écologistes) se prête à ce jeux mérite une autre explication : l'impasse idéologique existant à droite comme à gauche.

Essayons de répondre à des questions simples :
Qu'est-ce qui affole les marchés boursiers ? La perte de confiance, ébranlée par la croissances qui ralentit et même s'inverse.
Quels ont été les moteurs de la croissance ?

- l'énergie bon marché, abondante. C'est fini. Malgré les guerres post coloniales qui perdurent en Afrique et en Asie, le pétrole se fait de plus en plus rare et la demande continue d'augmenter. Et la contrainte de nos émissions en Gaz à Effet de Serre se fait plus pressante... Le nucléaire aurait pu être un moteur de croissance intéressant (en tous cas pour la France), avec de nombreuses opportunités, par exemple en Libye... Patatra! Fukushima! Ce sont toutes les aberrations de la filière nucléaire qui sont désormais médiatisées : les déchets dont nous ne savons que faire, le fait que nous ne sachions pas démanteler les centrales et j'en passe...

- la mondialisation des échanges, modèle de production et consommation de biens en masse, tirant bénéfice du différentiel entre le niveau de vie du consommateur et l'exploitation de la main d'œuvre des pays émergents. Ce modèle ne régresse pas, mais créateur de croissance au début, il provoque aujourd'hui la récession dans nos pays en générant des délocalisations massives, du chômage et une baisse du pouvoir d'achat. Le trader a raison. Plus grand chose à gagner en Occident. Ça se passe en Asie du sud-est. Mais il n'est pas sûr que la Chine puisse se passer de ses clients occidentaux...

- le crédit. Il a servi, pour les états, les collectivités, à continuer à fonctionner et à remettre au mandat suivant les questions qui fâchent. La question n'est plus de savoir s'il est possible de revenir à un taux d'endettement ne dépassant pas annuellement 3% de notre PIB, mais de savoir si un endettement cumulé avoisinant les 100% du PIB est acceptable, compatible avec les principes du Développement Durable. Est-il concevable de continuer à nous endetter, de léguer aux générations suivantes notre dette (en plus d'autres problèmes...), dans un monde limité en ressources et malade de nos excès ?

En résumé, nous avons collectivement réussi à faire l'autruche pendant les dernières décennies, en vivant au-dessus de nos moyens grâce aux rapines post-coloniales, l'exploitation de la main d'oeuvre d'autres pays et à des produits financiers imaginés par de jeunes matheux pays à prix d'or par les banques et plus proches du jeu vidéo que de la réalité économique des entreprises ou des états.
Il se dit qu'un tel produit financier est lancé si un seul membre du conseil d'administration de la banque en comprend à peu près le fonctionnement...

Il est temps de changer radicalement de modèle. La croissance du PIB ne peut plus être l'objectif. Parce que cette vision, en oubliant que notre monde est limité en ressources, ne peut être que destructrice. Mais aussi parce que ce modèle va s'arrêter de lui-même faute de carburant !
Il est temps, il est urgent d'anticiper et d'inventer une société plus égale, partageuse des ressources et du temps, sobre, non prédatrice, mieux régulée, libérée de la loterie financière, en partie relocalisée... Et pour plus de détails, consultons et surtout, enrichissons le projet d'EELV !

vendredi 25 novembre 2011

Ca gronde dans les rangs d'EELV. L'accord EELV-PS, mais probablement encore plus les événements qui ont suivi cet accord, ont provoqué des remous chez les militantes et militants. Je répond ici au message d'un militant toulousain.


Ton message me semble significatif de la frustration, voire la colère, qui gronde aujourd'hui chez EELV. Effectivement, la "politique autrement" n'a pas été visible ces jours-ci, sauf chez notre candidate Eva Joly, qui a bien fait de s'insurger contre l'ingérence d'AREVA dans l'accord EELV-PS. Je comprends que dans ce contexte, elle ait eu du mal à se placer dans la perspective d'appeler à voter Hollande. Et quand on écoute son interview sur RTL, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un écologiste. Ce que j'ai le plus mal vécu dans cet épisode, ce sont les commentaires assassins de certaines figures du mouvement (Dany Cohn Bendit a encore une fois perdu une occasion de se taire), ou encore le message passé d'un "recadrage" d'Eva Joly.

La médiatisation de l'accord EELV-PS a été catastrophique, mais ne nous laissons pas influencer par les commentaires des commentaires. Cet accord a un caractère historique pour l'écologie politique en France puisque se dessine la perspective d'un groupe de députés EELV à l'assemblée nationale, c'est à dire de peser véritablement sur les choix politiques dans notre pays. La réduction de 25% de l'électricité nucléaire d'ici 2025 était inimaginable il y a 1 an. Fukushima est passé par là… Mais ne boudons pas ce retournement très rapide du dogme nucléaire en France. La lutte continue, mais nous avons pris une sérieuse option sur l'abandon du nucléaire.

Après, constatons qu'en France, notre économie et notre niveau de vie reposent sur un ensemble d'industries peu recommandables ou encore dépendantes d'une énergie abondante et pas chère : armes, nucléaire, automobile, aéronautique… La transition écologique de notre économie a été le thème gagnant pour nous des élections européennes. Nous devons continuer à décliner cet objectif partout. Mais soyons conscients que cette transition peut être longue et dépendra du rapport de force politique issu des élections de 2012. Pour ça, il faut nous mobiliser dans ces élections, il nous faut une candidate aux présidentielle soutenue par TOUS les militants, il nous faut des candidats aux législatives soutenus par les militants de leur circonscription (et pas désignés en fonction de jeux de tendance opaques), et il nous faut des élus.

Il n'y a pas de honte à vouloir être élu. C'est vrai que la séquence d'une élection met en évidence les individus, la concurrence et les jeux de pouvoir. Mais à l'échelle d'un parti politique, le scrutin de liste est anti-démocratique. Avez-vous été consultés sur la composition des listes nationales qui nous sont soumises ? Je viens d'apprendre que ce vote était, comme le vote au niveau de nos circonscriptions, consultatif. C'est donc le Conseil Fédéral qui tranchera. Le CF est sensé tenir compte des 2 scrutins consultatifs. Voilà pourquoi je vous invite à vous abstenir au scrutin de liste pour dire non aux jeux de tendance et à choisir la ou le candidat(e) qui vous semble devoir porter aux mieux nos idées à la prochaine élection législative.

N'opposons pas les idées et les personnes. Il faut des personnes pour développer, partager et porter les idées...

jeudi 24 novembre 2011

Profession de foi - candidature aux élections législatives.

Chers camarades militants,

Prétendre à la fonction de député n’est pas une mince affaire. C’est le fruit à la fois d’une introspection (en suis-je capable ? que pourrais-je incarner ?) et de l’appréciation de situations politiques locale et globale.

Je suis militant Vert puis EELV depuis bientôt 10 ans. J’ai occupé diverses fonctions régionales et locales (membre du CPR, du Bureau Régional chargé des campagnes et actions, porte-parole du groupe Toulouse...) et suis actuellement élu à Toulouse et au Grand-Toulouse, en charge de la politique vélo. Mes domaines d’intérêt sont multiples : aujourd’hui, c’est surtout la mobilité urbaine et l’espace public.

Mais l’économie et l’emploi – et leur lien avec l’écologie – sont à mes yeux des questions incontournables parce qu’elles déterminent la situation sociale de notre pays et aussi notre crédibilité politique.
L’écologie ne peut pas être une réponse isolée, réservée aux privilégiés de cette planète. Le pic énergétique est le facteur déclencheur de la crise de civilisation qui s’amorce, parce qu’il marque la fin du mirage de la croissance. Les errements financiers de nos « élites » ne visent qu’à prolonger artificiellement cette croissance, le temps pour certains de boucler leurs valises après les avoir bien remplies.
Dans un monde qui redécouvre ses limites, nous, écologistes, avons la responsabilité de relancer la machine à idées. Nous devons porter du sens, des perspectives positives. Nous devons promouvoir un nouveau « vivre ensemble », fait de frugalité, d’efficacité et surtout de partage.

Et le rôle d’un député dans tout cela ? Proposer, amender, voter nos lois... Quoi de plus passionnant ? Il faudra s’investir à fond dans les sujets les plus divers, être curieux, fouineur, créatif et donc partageur… d’idées.
Le travail local du député doit essentiellement être dirigé vers la réflexion collective pour des solutions globales. C’est cette vision que je vous propose de mettre en œuvre dès la campagne électorale. Dépoussiérons les réunions politiques, mettons les participants en situation de produire du contenu, par exemple sur la question des emplois compatibles ou non avec le développement durable, sur les leviers de la création de nouvelles activités...

Il convient aussi d’analyser le contexte politique local. Jean-Luc Moudenc s’est fait « tailler » une circonscription sur mesure. Notre candidate ou candidat y portera les couleurs d’EELV et du PS, et devra donc rassembler largement pour gagner. Tirons les leçons des déconvenues électorales locales de 2001 et 2004, aussi de notre victoire étriquée aux municipales de Toulouse en 2008. Il n’est pas possible de raviver les querelles et les malentendus avec le PS ou au sein des écologistes.

Le « vivre ensemble » concerne donc aussi notre mouvement politique. J’ai choisi de ne pas participer aux jeux de « tendances » et de pouvoir qui semblent accaparer à nouveau le temps et l’énergie de nos cadres. Ce fonctionnement clanique et opaque est l’une des raisons de la faiblesse passée des Verts. J’ai essayé à mon niveau de mobiliser contre ce risque lors de notre réflexion sur les statuts d’EELV. Suivant cette logique, ma candidature ne s’appuie sur aucune des listes sur lesquelles vous allez devoir vous prononcer. Je voterai blanc lors de cette consultation et vous invite à faire de même pour marquer votre refus d’un fonctionnement néfaste à notre mouvement.

Sur la question du cumul des mandats, je suis bien évidemment prêt à me consacrer exclusivement à la fonction de député. Même s’il n’est pas satisfaisant de devoir laisser un mandat en cours, ma politique vélo est maintenant définie au niveau du Grand Toulouse. Sa mise en œuvre dépend surtout d’une volonté partagée et de l’apaisement des tensions entre le PS et EELV. Et dans la balance, il y aurait un député fervent défenseur du cyclisme urbain, autrement dit un levier pour avoir enfin un plan vélo national…

Je mesure la difficulté de la tâche en tant que candidat sur un territoire vaste et divers, puis en tant qu’élu, rouage écologiste du local au national. Je mesure la responsabilité que cela représente. Il m’a semblé que ma visibilité en tant qu’ « élu vélo » ou encore comme élu des quartiers St-Michel et Busca, mais aussi certains de mes travers – grand bavard portant avis ou contradiction sur tout, naïveté assumée voire cultivée… – pourraient être exploités positivement et participer au renouvellement politique auquel nous aspirons toutes et tous.

Merci de votre attention et - j’espère - de votre confiance.
Amitiés écologistes.