vendredi 29 août 2008

Grandir

Les Verts sont les artistes de la politiques. Les plus créatifs, novateurs, lucides sur les enjeux de notre avenir. Indispensables. Pour le lien, le sens, le plaisir et le spectacle...

A l'heure où notre message d'urgence écologique est largement partagé, nous devons enfin nous montrer capables de conduire - et pas seulement accompagner - les politiques à tous les niveaux de responsabilité. Nous devons GRANDIR. En qualité - du projet, du discours, du fonctionnement interne... - et en quantité - de militants et d'élus.

Nous mettre d'accord sur le plan idéologique
Où des mots tentent de cacher (sans y arriver) une "incertitude" idéologique.
Sur notre gauche, on veut créer du neuf sur le qualificatif d'anti-capitaliste. De notre côté, notre rapport non tranché à l'économie de marché nous conduit à seulement nous retrouver sur les concepts de "décroissance" ou d'"anti-productivisme". Quoi de nouveau, de concret, de positif, de parlant dans tout ça ? Le fait que nous nous définissions essentiellement par la négation des concepts dominants pourrait laisser penser nous n'avons rien à proposer... Alors que c'est tout le contraire !
Il s'agit d'intégrer nos propositions dans un projet cohérent et lisible.

Mais l'écologie politique porte-t-elle un nouveau projet de société global, incluant le social et l'économique ? Malheureusement non. Même si elle impose la primauté de nouveaux objectifs (la survie des éco-systèmes et de l'humanité), un nouveau cadre d'intervention (un espace et des ressources limitées), elle doit composer avec des systèmes de pensée antérieurs qu'elle ne remplace pas. Difficile d'imaginer autre chose que le couple infernal, antagoniste ou complémentaire "économie de marché/économie administrée". L'économie sociale et solidaire - que les Verts ont raison de promouvoir - ne pourrait exister sans l'une au moins des deux autres. Donc, rien de neuf sous le soleil écologique.

Dans quel paquet global doit être portée l'écologie politique ?
L'écologie cherche l'équilibre et ça doit être aussi le cas dans les sphères économique et sociale. Pour multiplier les leviers d'intervention, elle a besoin de diversité et appréciera que plusieurs types d'organisations du travail, de systèmes d'échange cohabitent.
Il s'agira donc de développer (d'inventer ?) les régulations nécessaires à l'équilibre dans la diversité.
Nous nous situons donc à l'opposé de la victoire d'un système - qu'il soit libéral ou collectiviste - , à l'opposé de tous monopoles.
La concurrence ne peut pas y être un gros mot si l'état est un bon arbitre. Le capital y est nécessaire si les salariés ne sont pas à la merci de la finance mondialisée.
Le service public y est d'abord au service des usagers. Dans une société qui bouge, ses domaines d'intervention ne peuvent rester figés, mais doivent être orientés vers l'urgence écologique et la qualité de vie.
Selon les sensibilités, les histoires, ce paquet pourrait se rapprocher de la "social-démocratie", ou de l'"économie sociale de marché", se référer aux modèles suédois ou encore français. Ce paquet est clairement anti-libéral dans le sens anti-dérégulation. Il n'a non plus rien à voir avec le communisme... Sans ambiguïté, il se situe à gauche.

Maîtriser notre discours
Emerger de la pensée unique.
Pas la peine de s'étendre sur la main mise sur les médias par l'état sarkoziste et les intérêts industriels et financiers qui sont derrière. La question, c'est "comment nous faire entendre et comprendre dans un tel contexte".

De la sémantique à une communication maîtrisée.
Le concept de décroissance solidaire, s'il est parlant pour un écologiste, est catastrophiste et donc catastrophique pour le plus grand nombre. Oui, notre monde est limité. Oui, il va nous falloir réapprendre le partage et la sobriété. Mais le terme "décroissance", si nous ne précisons pas ce qui doit (ou va immanquablement) décroître, est aussi inadéquat que le terme "croissance" employé sans plus de précisions. De ce point de vue, la formule "décroissance de l'empreinte écologique" telle qu'employée officiellement par les Verts a le mérite de la clarté, mais n'est pas une "promesse" suffisante.

Et si nous parlions du bonheur ?
La question de la survie de l'humanité à court terme est une question fondamentale, mais elle n'est pas la seule... La France est un pays privilégié, le pouvoir d'achat moyen y a largement augmenté et la majorité d'entre nous peut s'offrir toutes sortes de choses (...), mais beaucoup ont aussi une vie de con... Nous pourrions résumer la question par "rester en vie, d'accord, mais pour quoi faire ?" Redonner du sens, améliorer la qualité de vie... Les écologistes sont les plus à même d'associer aux questions existentielles des réponses concrètes, crédibles et réalistes.

Ecologie, emploi et lutte contre la précarité.
La victoire idéologique du "gagner plus" aurait-elle été aussi éclatante si des besoins fondamentaux comme se loger, se déplacer, se chauffer n'avaient pas pris une place prépondérante dans le budget des ménages ? Portons une écologie créatrice d'emploi et d'économies pour les familles. Portons un service public en phase avec les besoins fondamentaux des gens.

Dépassons nos limites.
L'urgence écologique, si elle n'invite pas à l'optimisme, a l'avantage de faire bouger très rapidement les limites politiques et de créer un contexte propice à un large rassemblement centré sur l'écologie. L'idéal communiste semble au bout du rouleau. Les écolos "ni ni" prennent conscience des incompatibilités congénitales entre préservation de la planète et libre échangisme sans limites. Enfin, l'élection européenne nous oblige, si nous voulons conserver ou augmenter le nombre de nos députés, à faire un score au-delà de 10 %.

En résumé...
...l'urgence écologique ne trouvera de réponses que dans de nouvelles régulations d'une économie de marché assumée et dans un service public orienté vers la qualité de vie et les enjeux du siècle. Notre combat est d'associer des perspectives heureuses au partage et à la sobriété. Notre combat est de trouver les mots justes, positifs pour déplacer le débat politique de la rhétorique sarkozienne vers nos propositions et pour rassembler bien au-delà des Verts.

Renaître...
Un parti du développement durable - le P3D - pourrait porter ce projet global. Le développement durable est une formule galvaudée ? Et la démocratie, la république, le socialisme ?... A nous de donner du contenu à la formule, avant que d'autres ne le fassent pour nous et même s'ils ont déjà largement commencé.