mercredi 20 juin 2007

Mon choix

Certains ont sans doutes remarqué mon absence dans la campagne des législatives. Voici quelques explications.
Il y 5 ans, je me suis engagé chez les Verts parce que je considérais que la priorité des priorités était l'urgence écologique et que refaire le monde dans son coin n'était pas une solution...
Je pense pouvoir dire qu'au moins dans les premières années, je me suis pas mal investi comme militant. Avec une activité de travailleur indépendant, une passion pour la musique et ma fille arrivée il y a 3 ans, ce n'était pas simple de trouver le temps et l'énergie. Mais c'était possible grâce à la motivation qui m'animait et le plaisir de partager cet engagement avec des gens qui (pris individuellement et hors de tout phénomène de groupe) sont pour la plupart des gens formidables.

Seulement voilà, la motivation n'est plus là. Je ne suis plus sûr que les Verts soient le meilleur instrument pour faire progresser l'écologie dans ce pays. Peut-être est-il temps de passer à un deuxième temps de l'écologie politique qui serait la diffusion de nos idées dans les partis généralistes. Parce que parmi nos échecs, nous devons admettre que nous n'avons pas réussi à devenir un parti généraliste (ou du moins perçu comme tel). Le développement durable ou soutenable tel que nous l'avons défendu n'a pas été reçu comme une réponse crédible au chômage et à la précarité.

Je suis fortement déçu par nos dirigeants nationaux. Je considère qu'ils ont systématiquement fait le contraire de ce qui était nécessaire à nos intérêts. Pourtant, porter haut et fort le projet de primaires à gauche était une riche idée. Par la suite, les opportunités de négocier un retrait de notre candidate aux présidentielles (même à la fin) contre un groupe à l'assemblée se sont présentées (jusqu'à la menace Bayrou en fin de campagne). Mais non, nos responsables ont préféré foncer dans le mûr tête baissée. Et par la suite, le score des présidentielles a évidemment plombé celui des législatives.
Après ça, quand j'entends qu'avec 3% aux législatives, nous avons magnifiquement doublé le pourcentage de Dominique Voynet (alors que l'abstention est passée de 15 à 40%) et qu'ensuite, nous progressons vaillamment avec 4 députés (profitant simplement de la stratégie de victimisation du PS et de la "TVA sociale"), que nous devons être félicités... Je préfère essayer d'en rire, sans grand succès.
Et que dire de ce qui s'est passé à l'AG de Bordeaux, dont on aurait pu espérer qu'elle nous mette tous en ordre de marche :
- 150 militants réclamant une large majorité issue des 4 motions de tête, sans être entendus
- la motion Urgence Ecolo marginalisée, de nombreux militants dégoûtés (bonjour le message vers les écologistes)
- les intérêts de chapelles et de postes qui passent avant l'intérêt collectif
- "spéciale dédicace" a ceux qui ont pratiqué la politique de la chaise vide lors des négociations
- heureusement, les journalistes n'ont pas compris grand chose, trop occupés à nous poser des questions sur Nicolas Hulot.

J'ai essayé timidement de faire campagne pour Dominique Voynet au début, mais j'ai assez vite compris qu'un retrait n'était pas envisagé. Quant aux législatives, je n'ai pas eu le courage de me démener pour récupérer des miettes, tout en saluant celles et ceux qui ont eu ce courage.

Et pour la suite ? Les municipales et particulièrement les municipales à Toulouse de mon point de vue de toulousain. C'est assez simple. Il nous faut trouver très rapidement une tête de liste qui
- fasse l'unanimité chez les verts pour mener énergiquement campagne et relancer le travail programmatique
- soit capable de faire le score à 2 chiffres qui doit normalement être le notre
- ou en cas de stratégie d'alliance au 1er tour avec le PS, suscite suffisamment de crainte de leur part pour que nous ayons une bonne négociation avec eux.
Pour tous vous dire, je ne vois qu'une personne qui puisse créer cette dynamique. Je sais qu'elle est très occupée et j'imagine qu'elle n'en a pas envie, surtout en ce moment. Mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie...

Donc, dans ce cas de figure, je suis prêt à faire l'effort de me remotiver pour les municipales, parce que je pense que les Verts pourraient alors être utiles pour faire avancer concrètement l'écologie sur le plan local.

Pour garder un militant (parmi d'autres) encore plus longtemps, il va falloir que les Verts changent.
Une AG extra-ordinaire de refondation des Verts s'impose. Je pense que nos statuts sont une usine à gaz démesurée par rapport au nombre de militants et que les "tendances" doivent être réduites à leur simple expression au moment des AG. La recherche d'une parité entre tendances à tous les moments de la vie interne du parti est une véritable plaie, l'instrument des ambitions personnelles contre l'intérêt collectif.
Je pense qu'il n'est plus possible de travailler ensemble entre gauche protestataire et gauche modérée. Notre relation à l'économie de marché doit être clarifiée. Et si cela doit se faire au prix d'un scission, ça vaudra toujours mieux que de continuer comme aujourd'hui.
Voici quelques pistes...

Mes attentes (en particulier locales) sont probablement trop grandes mais je prends le risque. Si elles sont déçues, je ne reprendrai pas mon adhésion. Je suis désolé d'exercer une sorte de chantage un peu désespéré vers une personne que j'estime. Mais la vie est trop courte et il faut savoir faire des choix. Je ne continuerai mon engagement que si j'y vois des chances de succès. Sinon, j'estime avoir mieux à faire de ma petite vie.

Réponse le 30 juin...