lundi 28 novembre 2011

Il est temps...

La crise financière n'a jusqu'à présent accouché que d'une gigantesque farce médiatique. Partition bien écrite entre les méchantes agences de notation qui notent, dégradent et le gentil chef d'état contraint de démanteler les services publics pour garder notre triple A, sauver l'Euro, les banques, faisant la morale à ses amis financiers et continuant à discrètement les enrichir.
Cette vaste supercherie vise bien sûr la conservation du pouvoir, mais le fait que l'ensemble de la classe politique (à part quelques exceptions écologistes) se prête à ce jeux mérite une autre explication : l'impasse idéologique existant à droite comme à gauche.

Essayons de répondre à des questions simples :
Qu'est-ce qui affole les marchés boursiers ? La perte de confiance, ébranlée par la croissances qui ralentit et même s'inverse.
Quels ont été les moteurs de la croissance ?

- l'énergie bon marché, abondante. C'est fini. Malgré les guerres post coloniales qui perdurent en Afrique et en Asie, le pétrole se fait de plus en plus rare et la demande continue d'augmenter. Et la contrainte de nos émissions en Gaz à Effet de Serre se fait plus pressante... Le nucléaire aurait pu être un moteur de croissance intéressant (en tous cas pour la France), avec de nombreuses opportunités, par exemple en Libye... Patatra! Fukushima! Ce sont toutes les aberrations de la filière nucléaire qui sont désormais médiatisées : les déchets dont nous ne savons que faire, le fait que nous ne sachions pas démanteler les centrales et j'en passe...

- la mondialisation des échanges, modèle de production et consommation de biens en masse, tirant bénéfice du différentiel entre le niveau de vie du consommateur et l'exploitation de la main d'œuvre des pays émergents. Ce modèle ne régresse pas, mais créateur de croissance au début, il provoque aujourd'hui la récession dans nos pays en générant des délocalisations massives, du chômage et une baisse du pouvoir d'achat. Le trader a raison. Plus grand chose à gagner en Occident. Ça se passe en Asie du sud-est. Mais il n'est pas sûr que la Chine puisse se passer de ses clients occidentaux...

- le crédit. Il a servi, pour les états, les collectivités, à continuer à fonctionner et à remettre au mandat suivant les questions qui fâchent. La question n'est plus de savoir s'il est possible de revenir à un taux d'endettement ne dépassant pas annuellement 3% de notre PIB, mais de savoir si un endettement cumulé avoisinant les 100% du PIB est acceptable, compatible avec les principes du Développement Durable. Est-il concevable de continuer à nous endetter, de léguer aux générations suivantes notre dette (en plus d'autres problèmes...), dans un monde limité en ressources et malade de nos excès ?

En résumé, nous avons collectivement réussi à faire l'autruche pendant les dernières décennies, en vivant au-dessus de nos moyens grâce aux rapines post-coloniales, l'exploitation de la main d'oeuvre d'autres pays et à des produits financiers imaginés par de jeunes matheux pays à prix d'or par les banques et plus proches du jeu vidéo que de la réalité économique des entreprises ou des états.
Il se dit qu'un tel produit financier est lancé si un seul membre du conseil d'administration de la banque en comprend à peu près le fonctionnement...

Il est temps de changer radicalement de modèle. La croissance du PIB ne peut plus être l'objectif. Parce que cette vision, en oubliant que notre monde est limité en ressources, ne peut être que destructrice. Mais aussi parce que ce modèle va s'arrêter de lui-même faute de carburant !
Il est temps, il est urgent d'anticiper et d'inventer une société plus égale, partageuse des ressources et du temps, sobre, non prédatrice, mieux régulée, libérée de la loterie financière, en partie relocalisée... Et pour plus de détails, consultons et surtout, enrichissons le projet d'EELV !

1 commentaire:

Demur J-Ph. a dit…

Merci,

Tout d'abord bonjour et ensuite merci pour cette synthèse de vos convictions. Je ne suis pas forcément écologiste (EELV) mais je partage beaucoup de vos préoccupations, notamment en ce qui concerne le monde que nous laisserons aux générations futures. Un monde hypothéqué, un monde de créances impayables, un monde... mais le monde ne sera-il pas alors le trophée des vainqueurs de la IVème Guerre Mondiale (celle qui suivrait la guerre froide de peu. Car malheureusement je crains que la guerre ne soit la seule issue (notez que je ne parle pas de solution)que les politiques(à un plus haut niveau que le votre s'entend), économistes et autres marchants de dettes...n'entrevoient !!!

Désolé pour cette note très pessimiste, il ne s'agit là ni de dictature comme on a pu le penser par le passé, ni de volonté d'affirmer sa volonté mais simplement du pire de mes cauchemars que certains sont sur le point (je le crains) de réaliser !!!

Amicalement Votre

J.-Ph. Demur